LE MANGEUR DE RIZ

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LE MANGEUR DE RIZ

Tambours debout, Étoiles fatales. Est-ce la trempe des faiseurs de rêves qui donne les fruits fendus à travers les grilles du zoo fertile ? Loin de la jungle nouvelle où j’écouterais une chanson en répétition sur un ordinateur gris métallisé, se défaisait la robe d’une enfant qui parlait de la vie des femmes mieux que personne !!

Ma ville est ouverte au sol et je n’ai plus de fureur, je cris à qui entendra le feu de ma bataille. Échappé du zoo, maintenant je gravite avec les astres des chemins de broussailles. Ce ne serait pas si évident que ça, que d’avoir treize ans devant la grille effondrée. Je saute hors de la cage. Les mains sont bleues, il y a la tête qui prend un recul lumineux, à demi tourné dans une parure drapant le pacifisme à en faire pleurer un singe apprivoisé. Vient mon unique ami, Shi Lee Pai ; il arrive vers le fond du zoo. Il n’y a plus que l’amour des bêtes sauvages rôdant autour des petits animaux blottis dans leurs tristesses païennes et endormis sur les reins des bœufs en décomposition sur la paille vieillie mêlée à de la merde, autour de lui des respirations vives de souffrances, êtres prisonniers de cette vie, où déjà on enferme son cœur dans son propre corps. Shi Lee Pai s’arrête en regardant mes nouvelles chaussures vertes me remonte du regard. Il me montre par son unique style la colline de la guerre et de l’histoire de sa famille.

Dépasse l’armée des chevaux de métal, de cuir et de jade. En contre jour on voit les corps dans la décoration d’une vitrine de boucherie en transparence avec les secrets de la recherche scientifique. Une ombre passe dans les rues du centre commerciale comme une césure électrique occidentale jusque bientôt dans les souterrains de la ville des uns et des autres s ‘étendant tel une couleur enivrante et charbonneuse sur les parois de la fête humaine. Nous rythmons, hypnotiques, cette échappée avec la bouche faisant cliqueter notre bave et notre salive dans un creuset sonore et divin.

Quand il devient impeccablement juste et gratifiant de remonter le réseaux de la découverte du prodige, quand l’enfant tient l’efficacité des meurtres du conformisme entre ses cuisses quand est détrôné un siècle de vies, quand il pleut dans les yeux des pêcheurs heureux des collines désertiques, quand dans l’arrière train du tracteur rempli de bétail et de chiens morts que d’être des proies à l’onirisme infantilisant du protectorat de soi, arrive la même chose qui pourrait devenir la même chose en soit, à l’intérieur de nous même sous la parure drapée, devant la grille effondrée ouverte pour l’évasion ; on leurs voit la tête faisant dépasser de longues oreilles dans le vide secoués comme des palmes dans les îles de nuages, les îles de nuages sur le lit du voyage des morts. La force domine.

La poignée reluisante sert les haches meurtrières de nos meilleurs guerriers envoyés pour repousser l’empirisme américain, car nous sommes tous des Japonais, nous sommes des Nazis, des psychiatres en train de bander pendant la saison des peuples, nous sommes l’empirisme américain, nous sommes les footballeurs américains avec des tee-shirts australiens, nous sommes des chanteurs de charme et de charrues, nous sommes des cacas en puissance, des vendeurs de tripes, des conquérants du mou, des extracteurs de mousson d’avant avoir dépassé la marche invisible de la cuisine poilue-poilette, nous sommes des rats beuglant comme des chameaux vietnamiens, nous sommes des aspirateurs de charme sous la neige de Russie, nous sommes des globes sous vide nappés de graisses incolores lors de transpositions linguistiques par procès colonial, nous sommes basiquement attrayant. Shi Lee Pai s’allonge avec les chiens morts sur le tracteur de bétail et d’imprimés de livres qui promulgue du nouveaux et les tempêtes. Il s’oublia à lui-même à l’air des plaines du soleil frais. Il s’ennuie des saisons et des chrysalides. Il danse avec sa main dans l’ouverture du ciel au travers des arbres du printemps, il est à trois kilomètres de sa maison et va devoir mettre du chien dans sa soupe car les Shi Lee reviennent de la guerre vers la maison.

Il ne mangera que du riz.

Lèvera son verre alcoolique pour le retour des soldats familiaux. Ils irons au bois et vivrons leur dernier jour entre salive et bave, se tuerons bien trop saouls pour se reconnaître les uns des autres enfermés dans leur mémoire, leur cervelle explosera coup à coup et les corps chuterons barrant les chemins de broussailles. Ils sont tombés dans un piège dès leur départ du zoo, il ne le pensait pas si proche, le massacre, le suicide. Il y avait mouvement, il y avait une lancée. Pendant quelques jours après, le jour se lève sur, non seulement des corps de guerriers mais bien aussi des corps d’animaux mystiques plantés dans leur abdomens, les femmes fantômes pleurent et mangent la chair. Leurs robes fines ont pris la couleur du sang des autres et du ciel solitaire, alors se referme un œil visionnaire comme à la fin d’un film, et tout devient noir.

Je ne sais plus aller, je vacille, je n’arrive pas à marcher. La maison est déserte et je finis ce peu de riz qu’ils leurs restait, en rajoutant un peu de piment les pieds couverts de boue humide, les yeux fixes sur la scène au loin pensant à Shi Lee Pai, mon unique ami maintes fois disparus.

L’os trône dans ma gamelle, je saute au travers de ma forêt féroce, et attends la venue de celui qui tentera la communication avec moi, celui-ci est l’humain qui veut perdre la face, qui se sculpte les os, qui me lira. Ah ah ah ah ah ah ah ah.

Valentin LECHAT
La Ghost Résidence, TW

printemps 2007

VIDEO Taiwan 2008

VUES DE L’EXPOSITION
JOSEPH ALOÏS SCHUMPETER
OUI, Centre d’Art Contemporain, Grenoble
6 avril – 11 mai 2008